Ne pas se laisser berner par la désinformation à l’œuvre sur Internet est un enjeu majeur de l’éducation aux médias. Les pouvoirs publics, les médias et les grandes plateformes numériques se mobilisent pour limiter son impact sur la jeunesse.

« Je reçois une ou deux demandes d’ateliers par semaine », indique Alexandre Capron, journaliste fact-checker à France 24. Les ateliers médias de fact-checking ont le vent en poupe. Selon le dernier rapport du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) sur l’usage du numérique en France, « 84% des 18-24 ans » utilisent les réseaux sociaux. Or il s’y propage beaucoup de fausses informations.

Une commission présidée par le sociologue Gérard Bronner a remis en janvier son rapport sur l’état du numérique. Il conclut « que les théories du complot […] se développent principalement sur les espaces de discussion en ligne ». Il note « un essor fulgurant des pratiques informationnelles des jeunes sur […] des réseaux sociaux pas ou encore très peu identifiés des publics adultes comme Snapchat, TikTok, Discord ou Twitch ».

Rumeurs sur Snapchat

Des établissements scolaires prennent la mesure du problème et organisent des ateliers médias de fact-checking. Fabienne Bruère, cheffe de projet pour l’association d’éducation aux médias Entre les lignes, explique que l’un des exercices de son association est de lancer une rumeur sur Snapchat, « l’idée pour les élèves étant de partir à la recherche de la vérité pour savoir s’il faut partager le snap ou pas ». Alexandre Capron, animateur d’ateliers, montre aux élèves qu’il est possible de faire une « vérification d’une image sur son téléphone en 30 secondes ». Selon lui, les jeunes « ne sont pas si crédules » face aux fausses informations. « Ils pensent qu’une information est fausse mais ne cherchent pas à la vérifier », explique-t-il. Selon Nina Lamparski, directrice Afrique de l’AFP Factuel : « Souvent, les jeunes ont bien plus conscience du problème que les personnes plus âgées. »

Céline Crochemore, coordinatrice au centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (Clemi), explique que « l’éducation aux médias n’est qu’un des leviers pour lutter contre la désinformation. Il faut qu’il y ait une prise de conscience des plateformes et de l’impact de leurs algorithmes ». Facebook a mis en place un programme de fact-checking en partenariat avec des médias tels que l’AFP ou France 24. Lorsqu’un contenu est une fausse information, un message prévient l’utilisateur et le dirige vers un article expliquant pourquoi l’information est incorrecte.

« Après un atelier, quand des jeunes viennent me voir pour me dire qu’ils ont repéré une fausse info, l’ont vérifiée et signalée en commentaire, pour moi, j’ai gagné », conclut Fabienne Bruère.

Oihana Almandoz

Crédit photo de Une : CNOSF/KMSP, CC BY-NC-ND 2.0

Cet article a été écrit dans le cadre du cours Écriture de presse en janvier 2022. Il est en lien avec l’article suivant : Éducation aux médias : une priorité pour les futurs citoyens