Mener à bien des études supérieures représente un réel challenge pour n’importe quel.le étudiant.e. Mais quand la transphobie ajoute son lot d’obstacles, les rêves peuvent vite tourner au cauchemar.

Organiser un échange Erasmus dans le cadre de ses études, ou encore étudier pour devenir ingénieur : ces types de projets d’avenir sont partagés par nombre d’étudiant.es. Et alors qu’il est déjà difficile pour beaucoup d’atteindre ces objectifs, les étudiant.es transgenres et non-binaires voient leur parcours devenir un véritable enfer.

C’est le cas de Léo et d’Alexandre, deux élèves qui ont vu la transphobie affecter leurs projets d’étudiant.es. Léo est non-binaire et étudie à Science Po Paris. Cette année, iel est en Erasmus à Amsterdam aux Pays-Bas, mais l’avenir a bien failli être différent. 

Après avoir effectué son changement de prénom d’usage auprès de son université française, son dossier d’étudiant.e est automatiquement passé en genre masculin. Ce simple changement de mention de genre a créé un effet boule de neige pour les démarches à suivre dans le cadre de son échange universitaire. 

Iel a été inscrit.e dans son université d’accueil en tant qu’homme nommé Léo, alors que ce n’est pas son identité à l’état civil mais son seul prénom d’usage. Son inscription était donc caduque, et si iel ne s’en était pas rendu.e compte, son échange aurait tout bonnement été annulé. 

Pour Léo, “ce n’est pas une transphobie volontaire, mais une transphobie systémique et administrative.” Ce sont les procédures qui ne sont pas au goût du jour et qui créent de nouveaux obstacles pour les étudiant.es avec une identité de genre non-conforme.

Trans et ingénieur : difficilement compatible

Dans le cas d’Alexandre, vivre la transphobie au quotidien dans le cadre de ses études l’a poussé à se réorienter. Alors qu’il étudie à l’INSA de Strasbourg, son directeur de formation lui refuse son changement de prénom : “Il m’a mené en bateau plusieurs mois, et a seulement arrêté lorsque le directeur de l’école s’en est mêlé.” 

L’ambiance avec ses camarades n’était pas meilleure, et il a compris qu’il ne pourrait pas continuer dans cette voie toute sa vie : “J’ai découvert avec horreur et stupéfaction ce qu’était la non mixité masculine en école d’ingénieur, mais aussi pour l’avenir, en tant qu’ingénieur dans le monde de l’entreprise.” 

Ignorer la transphobie à l’école c’est une chose, mais la perspective d’être dans cet environnement pour toujours lui était impossible.

Ce genre d’incidents, bien que réguliers pour les étudiant.es transgenres et non-binaires, restent isolés et peu de Français ont conscience des dangers de la transphobie au quotidien, y compris dans le cadre des études.

Arthur Nicolle

Crédit photo de Une : Ted Eytan / Flickr / CC BY-SA 4.0

Cet article a été écrit dans le cadre du cours d’écriture de presse en février 2022.

Pour en apprendre plus, vous pouvez également lire « Transidentité : quand le genre pose problème à l’université ».