Le GHB (Gamma-Hydroxy-Butyrate) est de plus en plus utilisé par des prédateurs sexuels pour droguer des personnes à leur insu. La lutte contre son utilisation se met en place.

Sur le compte Instagram Balance Ton Bar, plusieurs témoignages de victimes du GHB ont été publiés. Les histoires se ressemblent: des filles sorties entre copines se retrouvent soudainement mal après avoir bu seulement un verre d’alcool. Certaines s’en sortent car elles sont bien accompagnées mais d’autres n’ont pas cette chance, sont victimes d’agressions sexuelles ou même de viols.

L’ambiance dans les bars est différente depuis quelques temps: les gens sont beaucoup plus vigilants et redoublent d’attention vis-à-vis de leurs verres. Dans certains bars, des couvercles en plastique accompagnés de pailles pour mieux protéger sa boisson, sont proposés. Dounia Salimi, créatrice du compte Instagram Balance Ton Bar Paris, s’exaspère: “Le fait de produire encore plus de plastique alors qu’on essaie de l’éradiquer n’est pas une solution durable.” 

D’autres moyens sont mis en place pour essayer de détecter le GHB dans les verres. On retrouve des “capotes de verres”,  un bout de tissu troué pour y glisser une paille ou encore un vernis à ongles qui détecte le GHB dans une boisson. Il suffit de glisser son doigt dans le verre et le vernis change de couleur si une trace chimique est détectée. Désormais, on peut également acheter un chouchou qui se transforme en protège-verre (MySafeCup). Pratique et esthétique! Dounia Salimi, consciente des différents moyens de se protéger du GHB, rétorque: “On célèbre les initiatives comme le vernis, les capuchons de verre, mais c’est encore une fois à la charge mentale et financière de la potentielle victime.”  Elle réclame une aide concrète de l’Etat et des services publics afin de traiter le problème en amont.

Une gélule magique

Simon Kerckhove, 21 ans, étudiant en DUT gestion des entreprises et des administrations, développe une gélule pour détecter le GHB dans un verre avec un laboratoire d’analyse et de recherche. C’est un projet qui lui tient à cœur, après avoir vu deux de ses proches être droguées à leur insu. Il trouve peu efficaces les solutions aujourd’hui sur le marché. “Cette gélule va pouvoir réagir à toutes les drogues similaires au GHB. Elle aura quatre fonctions, dès qu’elle entrera en contact avec cette molécule : elle aura un effet effervescent, la couleur du verre changera, le goût aussi et une odeur s’en dégagera” explique Simon.  Toutes ces fonctions sont importantes afin d’alerter la personne (même en état d’ébriété) que son verre a été altéré. “La gélule ne se baladera pas dans le verre mais restera au fond, décrit Simon. Ce que j’aimerais, c’est que ces gélules ne soient pas à la charge des clients. Chaque consommation devrait être accompagnée d’une gélule.” 

Le jeune homme espère que la gélule sera disponible d’ici un an et demi.

Emma Albright

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Crédit photo de Une : Matthias Ripp / Pxhere 2.0 Generic (CC BY 2.0)

Cet article a été écrit dans le cadre du cours d’écriture de presse en janvier 2022.