Portrait de Damon Dominique, américain de 32 ans, artiste autodidacte, auteur du livre  You are a Global Citizen , réalisateur et créateur de contenu à succès, croque les misères et les splendeurs de la capitale dans des vidéos qui font des millions de vues.

Avec une grande légèreté et un certain sarcasme, l’artiste s’amuse à décortiquer les différences culturelles sur sa chaîne YouTube qui cumule plus de quatre cent vingt et un mille abonnés du monde entier, et dont les vidéos cumulent parfois près d’un million de vues.

Lorsqu’il vient étudier en France en 2011, dans le cadre d’un échange universitaire d’un an, l’Américain – originaire de Fort Dwayne, dans l’Ohio -, tombe amoureux de Paris et d’un Français, son premier grand amour, avec qui il partagera une relation longue distance de plusieurs années entre les États-Unis et la France. Une anecdote qu’il aime rappeler à ses abonnés.

Dans ses autres vidéos, il partage ses périples parisiens, ses voyages autour du monde, sa passion pour la décoration d’intérieur, mais surtout son apprentissage de la langue française et les différents tics de langage qu’il a progressivement acquis et qu’il transmet via ses vidéos. Il a d’ailleurs lancé des cours français en ligne, axés sur l’aspect pratique, à destination des personnes qui désirent réellement apprendre une langue vivante, loin des salles de classe.

A l’étranger, «les Français sont réputés pour râler et tout contester». Au départ dérouté et perplexe, Damon a fini par accepter et respecter cette habitude : « En France, les gens n’acceptent pas le statu quo et savent se faire entendre », 

Après plus de dix ans dans l’Hexagone, il avoue être encore mal à l’aise avec certains codes , « Aux États-Unis, si je suis dans un supermarché, je peux directement demander à quelqu’un de m’indiquer où se trouvent les boîtes de conserve. A Paris, je dois faire attention à bien dire « Bonjour », « Excusez-moi », Il y a toute une série de rituels et de règles à respecter avant d’aborder quelqu’un. Ce qui semble anodin aux États-Unis est irrespectueux en France et vice-versa».

Comme d’autres expatriés et Parisiens avant lui, Damon s’est confronté à la recherche d’un appartement à Paris. Un chemin de croix, qu’il relate dans l’une de ses vidéos, où les exigences parfois pénibles des agences immobilières à Paris ne l’ont pas empêché de trouver son Graal près du marais.

Malgré des défauts qui entachent la réputation de la capitale – «ses rats, ses rues étroites et sa  saleté – , Paris n’a jamais eu une aussi bonne image qu’aujourd’hui», selon un sondage de l’Ifop. Un succès qui serait lié à la série Emily in Paris, diffusée sur la plateforme Netflix.

Damon admet ne pas avoir regardé beaucoup d’épisodes mais se plaît à détecter celles et ceux qui l’ont fait. « C’est simple, ils portent tous un béret rouge, c’est mignon ». En 2020, les moteurs de recherche affichaient une hausse de 41% de ce type de chapeau après la diffusion d’un épisode d’Emily in Paris.

Toujours selon l’IFOP , plus de 73% des Américains ont dorénavant une bonne image des Français contre 39% en 2017, et plus de 2,5 millions de touristes viennent chaque année , plus de 73% des Américains ont dorénavant une bonne image des Français contre 39% en 2017, et plus de 2,5 millions de touristes viennent chaque année. Des chiffres qui n’étonnent pas le jeune Américain qui affirme que Paris est une ville culturelle et artistique qui attire beaucoup de touristes, y compris ses compatriotes.

Pour l’historien et professeur agrégé d’histoire-géographie Renaud Degrève, Paris a toujours attiré  les Américains. « Les Américains ont une vision parfois fantasmée de Paris, avec des clichés sur Montmartre, le Moulin Rouge. Mais le succès de Paris vient aussi de tous ces artistes comme Fitzgerald, Gertrude Stein, ou encore Carson McCullers qui se sont expatriés à Paris pendant l’entre-deux-guerres. Puis, il y a aussi eu le très célèbre roman d’Hemingway, Paris est une fête, qui a contribué à nourrir le fantasme ».

Alors qu’ils étaient un peu plus de 5 000 dans les années 50 d’après l’ouvrage d’Antoine Marès et Pierre Milza Le Paris des étrangers depuis 1945, aux éditions La Sorbonne, on compte aujourd’hui 14 000 résidents américains, soit près du triple, selon le site chooseparisregion.org.

Mais le nombre d’Américains installés à Paris risque de s’accentuer avec l’arrivée des Jeux Olympiques de Paris 2024, qui sera pour beaucoup l’occasion d’expérimenter la belle vie à Paris.

Charles Dengpheng

Crédit photo de une : Damon Dominique